JE QUITTE MÉDIAPART


    La question est pourquoi y rester. Médiapart se veut un journal d’investigation indépendant. Indépendant de quoi ? Si c’est du groupe de milliardaires qui tient 90 % des médias français et qui nous a valu, grâce à une propagande de tous les instants, les résultats que l’on sait, soit. Mais s’il s’agit de remplacer la défense des intérêts des plus riches par la défense d’une petite caste de bobos cramponnés à leur médiocre pouvoir de nuisance, au point de rejoindre les autres médias dans leurs méthodes, à quoi bon ?


    Dommage pour les rares journalistes utiles et intéressants de ce média. Tant pis ; on ira lire ou écouter ailleurs Laurent Mauduit ou Martine Orange. Pour le reste, guère de regrets. Ne plus lire ces articles insipides sur l’Europe, ne plus lire la « spécialiste des gauche », surtout spécialiste des micro-trottoirs et des petites phrases, tellement occupée à défendre son fond de commerce qu’on se demande si elle a un jour eu l’idée de ce que pouvait être l’intérêt général, ne plus lire les articles prétentieux jusqu’à la fatuité de celui dont le style (qui enthousiasme certains lecteurs pour qui la frime* prévaut sur le fond) masque bien mal la vanité creuse, et ne plus avoir à supporter cette hypocrisie permanente qui veut qu’un journaliste fasse preuve de « neutralité » et de « responsabilité », cela va-t-il nous manquer ?


    Neutralité, mon œil ! On connaît suffisamment la technique qui consiste à parler de tout et à présenter tous les points de vue pour se dédouaner, mais en choisissant soigneusement le plus intéressant chez ceux qu’on veut défendre et ce qui pourra faire polémique chez ceux que l’on veut enfoncer. Médiapart n’est pas plus neutre que les zémouroïdes de Cnews ou les cireurs de pompes macronistes du « service public ». Il utilise les mêmes vieilles ficelles tressées du chanvre le plus grossier pour promouvoir cette gauche bobo, qui se voulut révolutionnaire quand c’était à la mode et sans risque, mais dont le passé ne lui sert plus que d’alibi pour ne pas être classé dans la gauche caviar. Quelle différence entre le parcours d’un July ou d’un Cohn-Bendit et celui d’un Plenel, si ce n’est le coming-out des deux premiers qui n’hésitent plus à s’afficher clairement comme les défenseurs de leurs intérêts personnels et de ceux de leurs employeurs ?


    Alors évidemment, quand un homme politique a le courage d’aller à contre courant, de dire tout haut ce que beaucoup pensent tout bas, de dénoncer ce système de connivence médiatique, et de défendre le bien commun plutôt que ses petits intérêts de boutique, on crie haro sur le baudet ! Tant il est vrai que le pire que l’on puisse faire a un courtisan est de lui montrer que tout le monde n’a pas sa médiocrité.


* Non, non, ce n’est pas une faute de frappe

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